La poule dit: “Il donne du pain à toute créature, car Sa grâce est éternelle.”
(Psaumes Ch.136 V.25)
La manne, Le pain du ciel
Toutes les difficultés, les besoins et les interrogations que chacun d’entre nous se pose durant sa courte vie, étaient aussi ceux des enfants d’Israël quand ils ont quitté l’Égypte. Le miracle qui se réalisa durant 40 jours au travers de la manne, se réalise aussi pour nous chaque jour. C’est précisément le message que Dieu veut nous faire passer et c’est la raison pour laquelle Il enjoint Moche d’en garder un échantillon comme témoignage et de le placer dans l’arche d’alliance pour les générations futures.
Durant toute cette période, Dieu se soucia de leur donner chaque matin leur portion journalière. Comme il est dit “Recueillez-en chacun selon ses besoins: un omer par tête; autant chacun a de personnes dans sa tente, autant vous en prendrez.” (Exode Ch.16. V.16) De plus, l’empressement et l’avidité de chacun ne changea en rien la quantité finale promise pour chaque individu. Comme il est dit: “celui qui en avait beaucoup pris n’en avait pas de trop, celui qui en avait peu n’en avait pas faute.” (ibid Ch.16. V.18)
C’est pourquoi, tout celui qui aura le mérite de s’annuler dans la lumière infinie, le Saint béni soit-Il, sera digne d’intégrer en lui avec certitude, que sa nourriture ne provient que de Lui, qu’Il soit béni. Tout comme la manne, qui avait la faculté de changer de goût en fonction de l’appétit de chacun, sa subsistance deviendra douce et agréable quand il prendra conscience de sa provenance et par conséquent de sa valeur.
S’investir sans relâche dans un travail, par souci du lendemain ou dans un élan de générosité pour combler sa femme et ses enfants afin qu’ils ne manquent de rien, n’est pas le meilleur calcul à faire, s’il doit sacrifier pour cela son étude de la Torah, la prière en minyan, sa précieuse vie conjugale et l’éducation de ses enfants. Tout cela, n’est qu’une vaine agitation superficielle qui ne fait que prouver son manque de foi dans la capacité du Saint béni soit-Il à faire fructifier ses projets et dans la réelle attente que sa femme et ses enfants ont de lui.
Cette attitude ou cette fuite face à cette dérangeante vérité n’est pas nouvelle, même le prophète Jérémie, dut faire face à ce genre d’argument, quand il reprocha aux gens de sa génération leur manque d’étude de la Torah. Ceux-ci lui répondirent: “comment pouvons-nous nous reposer de travailler et aller étudier la Torah? Comment gagnerons-nous notre vie?!” Sur ce, le Prophète Jérémie sortit le bocal dans lequel reposait la manne et leur dit: “Regardez! Avec cela vos pères se sont nourris, le Saint béni soit-Il ne manque pas d’émissaires pour pourvoir aux besoins de ceux qui le craignent!”
C’est pourquoi, à l’instant même où la personne acceptera d’intégrer en elle la foi dans la providence divine autant sur le plan individuel que collectif, quand elle sera convaincue que la réalisation des projets les plus grands, tout comme les événements les plus anodins, ne seront jamais le résultat de ses propres efforts mais plutôt l’expression d’une réalité qui le dépasse, s’il admet que tout est orchestré par le Créateur du monde selon un plan harmonieux qu’Il gère à la perfection et que le Patron c’est Lui, il bénéficiera alors de Sa bénédiction dans toutes ses entreprises, il saura Lui faire confiance et les premiers résultats du changement seront visibles sur son tempérament. Les brumes épaisses créées par le stress inutile du résultat ou le souci de compétition, s’évaporeront et laisseront place à un terrain plus calme et par conséquent plus fertile pour prendre les meilleures décisions et être enfin à l’écoute de sa plus grande et merveilleuse entreprise, sa femme et ses enfants!
Avoir confiance en Dieu, ne veut pas dire qu’il faut rester éteint et complètement inactif face aux exigences essentielles. N’oublions pas que l’origine du labeur commença avec la malédiction du premier homme, Adam, qui fut maudit en ces terme: “C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain” (Genèse Ch.3 V.19) Pour vivre il faut fournir un effort, seulement la quantité d’efforts à fournir dépendra uniquement de l’homme. Celui qui a confiance en Dieu, fournira moins d’efforts que celui qui n’en a pas. Dans le désert, tous les enfants d’Israël étaient obligés de sortir chaque matin avec leur banne pour en récolter la manne. Néanmoins, le juste trouvait sa portion à l’entrée de sa tente, alors que les autres devaient parcourir une plus longue distance. Tout était mesuré en fonction du degré de confiance et de foi envers le Saint béni soit-Il. Chacun pouvait mesurer ainsi la qualité de son attachement avec Lui et se corriger pour le lendemain.
les 39 lumières
D’après Rabbi Na’hman (Likoutey Moharan 11,4), la qualité de la foi est directement liée avec l’observance de l’alliance, la brit. Il nous explique que tous les travaux ou activités professionnelles qu’une personne accomplira pour son gagne-pain, sont en correspondance avec les 39 ל”ט travaux qui servirent à la construction du Tabernacle dans le désert. De ce fait, tout celui qui endommagerait son alliance (sa brit), sa foi en sera directement affecté et les 39 travaux du Tabernacle, qui sont les 39 lumières (ט”ל אורות) se transformeront en 39 coups de fouet et prendront l’aspect du temple dans sa destruction. Il ressentira symboliquement chaque coup de fouet s’abattre sur lui durant son labeur quotidien et l’amertume sera son seul salaire. Comme il est enseigné dans le Zohar (III, 244a): “Celui qui jette des miettes de pain sera poursuivi par la pauvreté. À plus forte raison une personne qui jette les «miettes» de l’esprit” (allusion à la perte de semance en vain).
Valeurs numériques
Nos sages nous enseignent que quand la manne (pain du ciel) se déposait sur le sol, elle était recouverte de 2 couches de rosée. Il est intéressant de voir que la valeur numérique du mot rosée טל en hébreu est de 39. Si on multiplie donc par 2 טל (la rosée) cela équivaut à 78. Serait-il risqué de dire que c’est la même valeur numérique que le mot לחם pain?
C’est pourquoi il est important de répéter que tout celui qui méritera de s’annuler complètement dans la lumière infinie, béni soit-Il, sera convaincu que sa subsistance ne dépend que de Lui. Alors, sa parnassa arrivera avec abondance, les 39 ל”ט travaux apporteront la prospérité, sa récolte journalière sera aussi agréable que celle des enfants d’Israël dans le désert, chaque matin il trouvera sa manne recouverte d’une double couche de rosée. Mais la chose ne sera jamais acquise, cet effort devra se répéter chaque jour. N’oublions pas que notre réel travail dans ce bas monde sera de renouveler notre foi au quotidien et cela ne pourra jamais se réaliser sans une observation méticuleuse de la Torah et l’accomplissement des précieux conseils de nos saints sages.
La poule dans le Perek chira
La poule possède des caractéristiques uniques en son genre et d’après nos sages elle serait le symbole de l’abondance.
La poule est omnivore et trouve sa nourriture partout où elle se trouve; elle mange des insectes, des minéraux comme des petits cailloux, riches en magnésium et en grit, des invertébrés comme des vers de terre, voire des serpents. La plus grande partie de son alimentation provient des céréales: blé, avoine et maïs. Elle profite de cette façon des richesses naturelles de la terre et en trouve suffisamment pour se nourrir elle et ses nombreux poussins, sans avoir besoin de s’éloigner de son nid.
Cette abondance dont elle profite, se retrouve aussi dans sa fréquence de ponte. Dans le Talmud (Guitin) on nous rapporte la coutume d’un village qui avait l’habitude d’apporter une poule le jour du mariage en signe de bienfait. A l’époque, une poule pondait en moyenne 83 œufs par an. Aujourd’hui elle peut en pondre entre 200 et 300 (selon la race). Cette évolution est due à la domestication, au mode d’alimentation plus riche et à la sélection génétique qui a permis d’augmenter le nombre d’œufs. Nos sages nous enseignent que le moment de la ponte d’un œuf est un instant de bonté et de bienveillance. Les œufs sont ensuite couvés pendant 21 jours.
Les caractéristiques de l’œuf ne manquent pas non plus d’ingéniosité. Sa forme allongée lui confère une bonne résistance à la compression dans le sens de sa longueur. L’enveloppe de l’œuf est poreuse et fragile. Elle est faite de minuscules orifices qui conservent mais laissent aussi passer l’humidité, les odeurs et l’air. Les minuscules trous de la coquille permettent aux poussins de respirer pendant leur formation. La coquille est également une barrière contre les microbes.
Après leur éclosion, la poule les protégera au péril de sa vie contre toutes sortes de prédateurs, comme l’araignée, le rat et même le serpent. On nous rapporte que Yaakov dit au Saint béni soit-Il, qu’il s’était démené pour l’éducation de ses enfants comme une poule envers ses poussins.
Dans le Talmud (Chabbat) on nous rapporte aussi, que les yeux de la poule sont très particuliers et différents de ceux des autres espèces animales. En effet, ses paupières se ferment de bas en haut, alors que chez les autres espèces c’est l’inverse. Le Maharcha qui est un commentateur du Talmud explique que sont regard vient exprimer sa reconnaisance et sa dépendance envers le Saint béni soit-Il, allusion au verset: דַּלּוּ עֵינַי לַמָּרוֹם “mes yeux s’élevaient languissants en haut” (Isaïe Ch.38 V.14). Par conséquent, la poule mérite en retour une grande abondance, du fait qu’elle reconnaît et proclame dans son chant que le Saint béni soit-Il “donne du pain à toute créature, car sa grâce est éternelle.” (Psaumes Ch.136 V.25)
Le chant de la poule
La poule dit: “Il donne du pain à toute créature, car Sa grâce est éternelle.”
Il le saint béni soit-Il se tient assis dans les hauteurs du monde et donne Lui-même à chaque instant, sans entrave de la rigueur du pain à toute créature les hommes, les animaux, les oiseaux, les poissons, les insectes etc. et protège les plus faibles, car Sa grâce est éternelle la grandeur de Dieu se définit par Sa bonté en nourrissant même les plus malfaisants. (Psaumes Ch.136 V.25)
Prière
Maître du monde, nous venons à Toi avec toutes les difficultés, les besoins et les interrogations qui nous traversent durant notre vie courte. Nous sommes inspirés par l’exemple des enfants d’Israël lorsqu’ils ont quitté l’Égypte et par le miracle de la manne qui se réalisa pour eux durant 40 jours.
Nous sommes conscients que Tu t’occupes de nous chaque jour, comme tu l’as fait avec eux en leur donnant chaque matin leur portion journalière. Nous savons que tu es source de tout, et que si nous nous annulons dans Ta lumière infinie, notre subsistance deviendra douce et agréable.
Nous comprenons que travailler sans relâche pour le lendemain ou pour notre famille n’est pas la meilleure attitude à adopter si cela doit sacrifier notre étude de la Torah, notre prière, notre vie conjugale et l’éducation de nos enfants. Nous savons que cela n’est qu’une vaine agitation superficielle qui montre notre manque de foi en Ta capacité à faire fructifier nos projets et à pourvoir aux besoins de ceux qui Te craignent.
Nous confessons que nous avons parfois manqué de foi en Ta providence divine, que nous avons cru que les projets les plus grands et les événements les plus anodins dépendaient de nos propres efforts. Mais aujourd’hui, nous acceptons d’intégrer en nous la conviction que tout est orchestré par Toi selon un plan harmonieux, et que Tu es le Créateur du monde et le Patron de tout.
Maître du monde, donne-nous la force et la sagesse pour vivre notre vie en harmonie avec Ta volonté, et pour voir en chaque événement Ta main qui agit pour le bien de Ton peuple.
Amen!