Mon intérêt
Au début quand une personne fait Techouva (se repent) sur sa mauvaise conduite, elle devra réparer son attitude en commençant par servir son Créateur avec orgueil et intérêt, par exemple, pour mériter les éloges, les honneurs, la richesse matérielle ou pour son salaire dans le monde futur. Bien que ces motivations soient profitables au début, elles sont en réalité de l’orgueil caché et deviendront par la suite inconvenantes. Il faudra s’en débarrasser coût que coût.
Si nous prenons l’exemple d’un enfant à l’école, dans ses premières années d’études, il lui sera impossible d’avancer sans encouragements. Il aura sans cesse besoin de récompenses, d’entendre des félicitations pour chaque effort qu’il fournit, de stimulations au moindre affaiblissement ou découragement. Enlevez-lui tout cela, et vous verrez les résultats! Dites-lui: ”Tu sais mon fils, tu ne travailles pas pour moi, c’est ta vie que tu prépares, si tu veux un beau métier et bien gagner ta vie, arrête de pleurnicher et mets-toi au travail, arrête de penser qu’aux récompenses, regarde-moi, blablabla…” Il s’en fiche, il n’attend qu’une chose, que vous lui disiez: ”formidable (avec un sourire) c’est toi qui a fait cela ?! Splendide, je suis fier de toi, tu es le meilleur, tu réussiras, continue comme cela, et tu mériteras une belle récompense”. Ces mots auront un impact extraordinaire sur son mental, il aura toujours une bonne estime de lui-même, il aura confiance en lui et pourra se projeter dans l’avenir avec assurance et si l’échec se présente, il saura en tirer profit, il sera toujours gagnant.
Le Rav nous enseigne que pour nous c’est exactement la même chose, quel que soit notre âge et notre niveau, nous avons toujours besoin de penser à la récompense qui nous est due. Que D.ieu soit fier de nous et que nous soyons extraordinairement bons.
Ainsi au début, quand nous commençons notre service Divin, il nous sera impossible de penser autrement, c’est notre motivation pour continuer à progresser et ne pas faire marche arrière. Nos sages nous disent: commencez par servir D.ieu de manière intéressée et vous le servirez de manière complètement désintéressée.
Le service désintéressé
Soyons honnêtes, comment pouvons-nous prétendre à un salaire?
Est-il pensable que D.ieu nous soit redevable de quoi que ce soit, d’un salaire ou d’une quelconque récompense?
Pouvons-nous prétendre apporter quelque chose de plus à notre Créateur, de quoi pourrait-il manquer?
En vérité, de notre côté, sans l’aide de D.ieu, que sommes-nous, que pouvons-nous faire?
Il est absurde de rémunérer l’outil qui sert l’artiste à réaliser son œuvre!
Pour servir D.ieu d’une manière désintéressée, il faudra être pur de toute pensée égoïste, il faudra réduire notre orgueil au maximum, ne plus penser pour soi, mais agir pour notre Créateur, parce que c’est Sa volonté et plus la nôtre. Si par malheur, dans notre service Divin se mêle une pensée qui n’est pas en Son nom, cette action sera repoussée dans le Ciel, elle sera rejetée comme une chose nauséabonde.
Au début, l’orgueil sera toléré et recommandé pour tout celui qui commence un nouveau chemin, pour tout celui qui veut s’éloigner du mal et réparer ses erreurs. Mais pour l’homme pieux, l’orgueil deviendra une impureté qui le disqualifiera dans son approche véritable du Saint Béni soit-Il.
Pour conclure, l’orgueil purifie les impurs et rend impur les purs.
Yocher Divré Emet. (Rabbi Michoulam Phivouch Mizbriz)
L’humilité de Moché Rabbeinou
Dans la Paracha Vayikra, la lettre Alef du mot ויקרא (Vayikra), « il l’appela », est écrite en plus petit. Cela vient nous enseigner la grandeur et l’humilité de Moché Rabbeinou.
Lorsque Moché Rabbeinou eut fini la construction du tabernacle, la présence Divine descendit sur le tabernacle et emplit chaque espace, comme il est dit : Alors la nuée enveloppa la Tente d’assignation et la majesté du Seigneur remplit le tabernacle. Et Moïse ne put pénétrer dans la Tente d’assignation, parce que la nuée reposait au sommet et que la majesté Divine remplissait le tabernacle. (Exode 40 :34,35).
Bien avant que le tabernacle ne soit édifié, D.ieu avait déjà demandé à Moché Rabbeinou de pénétrer dans le Saint des saints, lors de l’achèvement de sa construction, afin qu’Il s’adresse à lui. Mais à ce moment-là, Moché Rabbeinou resta à l’extérieur, par crainte et par honte il n’osa s’y avancer. Cet épisode vient nous montrer l’humilité de Moché Rabbeinou, bien qu’ayant reçu l’invitation de pénétrer dans le temple à tout moment, selon son désir, lors de la première fois il attendit l’invitation de D.ieu.
Quand vint le moment où il relata dans le sefer Torah cet épisode, il écrivit le mot ויקרא (Vayikra) « il l’appela » avec un Alef plus petit, pour nous dire qu’il n’était pas digne de cet honneur, et qu’il n’y était entré que parce que D.ieu l’avait appelé, et donc obligé. Moché Rabbeinou fuyait les honneurs et ne cherchait en aucun cas le prestige.
Les justes de nos jours
Le travail de chaque juste depuis la destruction du temple est de construire un temple dans ce monde, afin de faire résider la présence Divine dans le cœur de chacun. C’est le travail réel de chaque juste véritable, dévoiler la présence de D.ieu à ceux qui Lui sont attachés. Car dans chaque juste demeure la force de Moché Rabbeinou, cette capacité de s’effacer afin de permettre à la présence Divine de se dévoiler en chacun de nous. Le juste sera à même de trouver en chacun, l’étincelle Divine qui y brille. Lui seul est capable d’avoir un jugement de valeur sur les plus grands mécréants, les faire revenir du bon côté et ainsi leur éviter la punition. Cette vision positive qu’il aura sur eux, leur permettra de se repentir et de réparer leurs erreurs. Il leur fera comprendre qu’il y a de l’espoir, que D.ieu les aime autant que le juste, et qu’il est temps de changer.
Tokh Hana’Hal, Moharach.
Le taureau dans le Perek Chira
La nature du taureau est d’être orgueilleux. Il règne en tant que roi sur les animaux domestiques, sa force et sa robustesse sont sa fierté. Nos sages nous enseignent que le taureau tire tout son orgueil de ses cornes, alors qu’il est d’une grande utilité pour son propriétaire pour effectuer de lourdes besognes, et même une fois abattu, chaque partie de son corps sert à quelque chose. Par contre ses cornes ne sont d’aucune utilité, elles ne pourront même pas servir pour en faire un Chofar, car elles sont inadaptées. C’est l’une des raisons pour laquelle la Torah disqualifie ses cornes, premièrement à cause de cet orgueil qu’il en retire et deuxièmement par le fait, qu’il peut blesser ou tuer une personne avec. (Rashi, Devarim 33 :12).
Parmi les animaux domestiques, on retrouve aussi cette fierté chez le cheval, mais contrairement à celui-ci, le taureau restera soumis à son maître, alors que le cheval, bien que soumis et dépendant, ne se gênera pas pour lui mettre un coup de sabot quand l’occasion se présentera.
Il se différencie aussi de l’âne, car il connaît son maître et il lui est reconnaissant à force de travailler (labourer) avec lui. Alors que l’âne ne se souvient de son maître qu’au moment où celui-ci, le nourrit. (Rashi, Isaïe 1:3).
Les valeurs numériques
1. La valeur numérique de שור (Chor) taureau en hébreu et de 506, soit la même valeur numérique que les mots לֹא גָבַהּ לִבִּי וְלֹא רָמוּ עֵינַי , mon cœur n’est pas gonflé d’orgueil, mes yeux ne sont pas altiers. (Psaume 131 :1).
Bien que fier et orgueilleux, le taureau reste soumis et reconnaissant envers son maître. Il accepte le joug de l’homme et écoute sa voix sans jamais se rebeller. (Rabeinou Be’hayé)
2. L’orgueil, גאוה en hébreu a comme valeur numérique 15 ; soit la même valeur numérique que le nom de D.ieu י’ה (Yah), qui inclut les trois premières sefirot, Keter, ‘Hokhmah, Bina, qui symbolisent la tête.
Quatre créatures s’enorgueillissent dans ce monde. Le lion sur les animaux sauvages, le taureau sur les animaux domestiques, l’aigle sur les oiseaux, l’homme sur les trois, et D.ieu qui s’enorgueillit sur l’homme, donc sur toutes les créatures à la fois. Leur apparence est gravée sur le trône céleste où règne en roi, l’Eternel. Ceci, afin de nous enseigner qu’Il dirige et gouverne tout par Sa force (Rashi, ‘Haguiga 13.)
Le taureau dans son chant réassigne cette majesté à l’Éternel, qui est le seul à pouvoir s’ enorgueillir.
3. 15 est aussi la valeur numérique du mot אביב (Aviv), saison du printemps. Nos sages nous enseignent dans le Talmud Babli (Berakhot 33.) que pendant le mois de Nissan, (qui correspond à la saison du printemps) le Satan danse entre les cornes du taureau (il devient fou, Rambam) et qu’il faut s’en éloigner pour ne plus le voir, monter sur un toit et d’en retirer l’échelle, tellement il est dangereux.
Le chant du taureau
Nous pouvons à présent d’après tous ces enseignements, comprendre le chant du taureau.
Le taureau dit: Alors Moché et les enfants d’Israël chantèrent l’hymne suivant à l’Éternel et ils dirent: “Je chanterai le Seigneur car Il est souverainement grand; coursier et cavalier, Il les a précipités dans la mer”. (Exode 15: 1)
Le taureau (orgueilleux, mais soumis et reconnaissant) dit: Alors Moché (le juste véritable, qui a atteint la vraie humilité) et les enfants d’Israël (ses élèves qui lui sont attachés) qui chantèrent l’hymne suivant (grâce au juste qui dévoila en eux l’étincelle Divine) à l’Éternel et ils dirent: “Je chanterai (tout le temps) le Seigneur car Il est souverainement grand (à Lui seul, revient cet attribut); coursier et cavalier (les personnes arrogantes et prétentieuses), Il les a précipités dans la mer (ces attributs Lui répugnent)”.
Rédaction et traduction: David Parienté
Correction et relecture : Sabine Helbling