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Dans tes mains, je confie mon âme

Chaque nuit, à l’heure du coucher, après la récitation du Chéma, nous remettons notre âme dans les mains du Saint béni soit-Il. Comme on le cite dans la prière du coucher: “dans tes mains, je confie mon âme en gage.”

Pendant notre sommeil, notre âme s’élève dans les mondes supérieurs pour se renouveler et puiser les forces nécessaires pour le service Divin du lendemain.
Le profit que l’âme tire de ce voyage est très bénéfique pour elle. En effet, à l’instant où notre âme retourne à sa source, elle se régénère dû à sa proximité avec Dieu.

Le corps quant à lui, se sépare de son âme, restant ainsi privé de toute vitalité au point qu’il repose sur lui un esprit d’impureté.

Au matin, quand l’âme regagne notre corps pour le revivifier, nos sages ont institué cette phrase (Modé ani) de remerciement et de reconnaissance à dire dès que nous prenons conscience que nous sommes bien éveillés et en vie.
À notre réveil, l’esprit d’impureté qui enveloppait notre corps le quitte et ne reste plus qu’une partie sur nos mains. On s’en débarrassera grâce à l’ablution des mains effectuée avec un récipient et de l’eau.

Je te rends grâce

Le fait de réciter cette reconnaissance “Je te rends grâce, devant Toi, le Roi qui vit et subsiste” permettra à la personne, tout comme le prélèvement effectué sur la pâte pour la rendre consommable, d’habiliter cette journée uniquement au service Divin.
Quand une personne récite cette phrase, elle agit directement sur le déroulement de la journée. En acceptant sur elle le joug divin, elle se dispose dès le début à accomplir les commandements de la Torah et à servir son créateur uniquement au nom du ciel.

Le nom de Dieu et Son essence

Dans cette prière, le Nom de Dieu n’est pas mentionné. En effet, nos sages ne nous ont pas permis de prononcer le Nom de Dieu avant l’ablution des mains. Cette prière, malgré tout, dissimule un aspect de Dieu encore plus élevé que celle qui est atteinte en prononçant Son Nom. Elle a comme particularité d’attacher l’essence de notre âme avec celle du Saint béni soit-Il, Lui-même qui ne peut être défini.

Le ou les Noms de Dieu, ne sont en soit que des attributs qui définissent son attitude du moment. Sa bonté sera représentée par le Nom א”ל, Sa rigueur par le Nom אלהי”ם et Sa miséricorde par le Nom יהו”ה. Mais Son essence, Son entité ne peut être saisie ou appréhendée d’une quelque manière que ce soit. Il est écrit dans la Torah (Vaykrah 16:16) “À celui qui réside avec vous, dans votre impureté”. Ce verset, qui s’adresse à nous à la deuxième personne du pluriel parle d’une proximité mais inclut aussi un certain retrait, une séparation. Il vient nous apprendre que Dieu, bien qu’Il réside parmi nous, dans notre impureté, Il ne peut être infecté par celle-ci, car Son essence est au dessus de tout approche ou contact.
L’Admour Hazaken écrit au sujet de l’essence de notre âme, qu’elle aussi ne pourra jamais être affectée par aucune impureté. À l’image d’une goutte d’huile trempée dans de l’eau, celle-ci plus légère dans sa composition ne se mélangera jamais et s’élèvera toujours vers la surface.

Dans cette prière il est pourtant dit “devant Toi, le Roi qui vit et subsiste” ces termes viennent en quelques sortes limiter le Saint béni soit-Il dans son essence. Nous avons dit plus haut que Dieu était au dessus de toutes descriptions et perception, s’il en est ainsi, le simple fait de dire “devant Toi” ou “Roi vivant” s’oppose à son essence inaccessible puisqu’on le définit. C’est pourquoi, nos sages préconisent de réfléchir à cette notion insaisissable de Son être, dès notre réveil juste avant de prononcer cette prière de remerciement. Cette première pensée créera un ressenti et une prise de conscience de son essence, Béni soit-Il.

Prendre conscience de vivre

En règle générale, un personne ressent la vie quand elle effectue un mouvement, entend, parle ou regarde. Mais en fait la perception du monde que nous nous faisons à travers nos sens, n’est autre que la manifestation de celle-ci, mais pas la vie elle-même. Prenons plutôt comme exemple une personne qui viendrait de perdre connaissance, Dieu nous en préserve. Après quelques instants, quand elle reprend ses esprits, son impératif n’est pas de savoir qui se tient auprès d’elle ou de bouger un des membres, mais plutôt de savoir si elle est en vie. Sa perception d’exister à cet instant est très intense et réconfortante. C’est précisément cette notion qu’une personne doit expérimenter chaque matin à son réveil. De prendre conscience qu’elle a un Dieu qui lui renouvelle la vie chaque matin et le remercier pour cela. Avec le temps, l’expérience et un bon raisonnement, elle témoignera de cette gratitude à chaque instant.

Modé ani

Je te rends grâce, devant Toi, le Roi qui vit et subsiste, Tu as restitué mon âme en mon sein, avec miséricorde, grande est notre confiance en Toi.

Je te rends grâce (je témoigne ma reconnaissance envers cette bonté), devant Toi (qui est au dessus de tout), le Roi qui vit et subsiste (éternellement), Tu as restitué (et renouvelé) mon âme en mon sein (mon corps pour te servir et dévoiler dans ce monde cette notion cachée qui est Ton essence), avec miséricorde (pour sa haute distinction (de l’âme) et non par pitié), grande est notre confiance en Toi (car Tu nous feras revivre aussi dans les temps futurs). Le sommeil équivaut d’après nos sages à 1/60e de la mort. Donc, chaque matin quand on se reveil; nous goûtons aussi à un petit échantillon de la résurrection des morts et renforçons ainsi nos convictions dans cela).

Le chant de la nuit

Dans le Perek chira, le chant de la créature qui se rapproche le plus de notre enseignement et celui de “la nuit”.

La nuit dit: Le matin, nous proclamons Ta générosité, et la nuit, nous proclamons Ta foi. (Psaume 92:3)

La nuit dit: Le matin (au réveil), nous proclamons Ta générosité (de nous avoir rendu notre âme, renouvelée), et la nuit, (quand notre âme monte vers Toi) nous proclamons Ta foi (Nous avons confiance en Toi, car Tu nous la rendras au réveil pour Te servir et à la résurrection des morts pour jouir de notre salaire).

S’isoler avec Dieu

La méditation quand elle est bien expérimentée peut être un puissant vecteur de bienfaits et d’amélioration. Non seulement sur le plan moral et émotionnel comme cela l’a été prouvé par la médecine, mais aussi et surtout dans notre parcours spirituel afin de renforcer et d’affiner nos convictions religieuses pour servir notre Dieu avec un coeur sincère et de meilleures intentions.
Quand les paroles et les leçons deviennent une mélodie récurrente et ne pénètrent plus notre cœur au point de ne plus donner suffisamment d’importance pour s’auto-corriger.
Plutôt que de tout analyser et de se contraindre à changer nos mauvaises habitudes les plus ancrées par la force, utilisons une méthode plus douce, moins cartésienne et plus subtile, pour agir sur nos qualités qui ne demandent qu’à s’épanouir. Quand l’intellect a tendance à s’acharner sur nos défauts, le cœur quant à lui mettra tout en œuvre pour valoriser nos qualités.
L’émotion est un puissant vecteur dynamique qui anime est positive tout notre être, l’expérimenter nous permettra de dévoiler un potentiel infini qui sommeille en nous. Cette expérience bien orientée et faite régulièrement, alimentera notre être d’une lumière radieuse. Elle laissera place aux vertues de notre âme interagir avec notre conscient, vers un accomplissement de soi dans une simplicité et douceur providentielles.

Avertissement

Le problème auquel nous sommes tous confrontés quand on veut débuter, c’est le manque de méthode. Si on a la chance d’en avoir une, il nous manquera la régularité. Le manque de patience et la précipitation pour un résultat immédiat nous frusteront et nous abandonnerons aussi.
Pour mener à bien cette expérience, il y a plusieurs impératifs à bien respecter.

  1. Qu’elle ne piétine en aucun cas les règles de notre sainte Torah et de nos sages.
  2. Qu’elle ne nous déconnecte pas de la réalité, un ancrage à travers l’étude du Talmud et des lois juives est obligatoire.
  3. Qu’elle soit en harmonie avec notre entourage et nous même.
  4. il est important de toujours être en proximité avec un rav pour éviter tout dérapage.
  5. Ne jamais prononcer verbalement le Nom de Dieu sous quelque forme que ce soit.

Avec tous ces éléments réunis nous aurons toutes les chances de nous rapprocher de notre créateur dans le calme, la pudeur, l’équilibre, la sagesse, le bien-être et la joie.

La méthode

Tous les sujets étudiés dans la Torah peuvent servir de base de réflexion pour notre méditation contemplative. Une maxime de nos sages, un verset de la Torah, des Psaumes, une prière, etc. Toutes sortes de sujets pourront être expérimentés afin de transcender leurs intimes messages qui s’adressent à chacun de nous. Lorsque l’esprit s’harmonise avec le verset l’enseignement prendra forme dans toute sa splendeur et agira directement sur notre équilibre spirituel et matériel.
La méthode consistera en premier temps, à se servir de notre respiration comme attelage pour guider nos pensées vers le but recherché. En effet, le flot incessant de pensées négatives ou positives qui ballottent notre esprit ne nous mènera nulle part. Une action volontaire sur la respiration nous permettra de saisir les rennes de ce cheval fou au galop et de le mener où bon nous semble. L’avantage de la respiration est qu’elle se fractionne en deux parties. Pendant l’inspiration nous absorbons de l’air composé de dioxygène et de diazote. Lorsque nous expirons, nous rejetons le diazote et ne gardons dans nos poumons que le dioxygène.
En utilisant ces deux phases de respiration nous avons les outils pour explorer toutes sortes de sujets jusqu’à les unifier afin de transformer l’opposition des deux parties en une complémentarité et d’en tirer profit.
Prenons comme exemple la respiration. Dans la première phase d’inspiration, nous avons dit que nous absorbons deux types de gaz, le dioxygène et le diazote. Seulement un de ces gaz (le dioxygène) sera intégré par notre organisme, et l’autre (le diazote) sera rejeté dans l’air.
On pourra aisément se servir de cette propriété pour en faire un sujet de réflexion, de prière ou de méditation. L’air qui est un élément vital, gratuit et surabondant pourra être défini comme la bonté de Dieu qui a les mêmes aspects. Les deux gaz seront à l’image du bienfaisant pour celui qui est absorbé et du superflu pour celui qui est rejeté.
En position confortable, l’esprit au calme, nous inspirons et prenons conscience de la gratitude que Dieu a envers nous, qu’Il est bon et rien de mal ne sort de Lui. Dans l’expiration, nous exprimerons mentalement notre gratitude envers cela. L’expiration pourra être accompagnée d’une courte prière ou d’un simple merci, adressé au Maître du monde. On pourra aussi répéter comme un mantra le verset 6 du Psaume 150: “Que tout ce qui respire loue le Seigneur! Hallélouya!” Plus nous passerons de temps à accroître cet état et plus la valeur des mots et des intentions auront un impact dans le ciel et sur nous.

Respirer le Nom de Dieu

Le nom de Dieu écrit י.ה.ו.ה évoque l’attirance de la lumière de Son essence infinie vers tous les mondes pour les faire subsister. La forme des lettres qui composent Son nom symbolisent ce développement et nous nous en servirons pour accompagner notre respiration.

Inspiration – contraction
Le Yod (י) qui est la plus petite des lettres de l’alphabet hébraïque, symbolise le prémice de la vitalité qui se déverse minutieusement et en quantité très restreinte dans sa création et en nous.

Expiration – expansion
Ensuite le Hé (ה) qui est une lettre large et ouverte, symbolise l’expansion de cette vitalité.

Inspiration – canalisation
La lettre Vav (ו) qui est étendu sur la longueur, canalise cette lumière pour l’épancher dans les mondes ou parties inférieures.

Expiration – distribution
Pour finir, la dernière lettre le Hé (ה) viendra saisir cet influx pour l’étendre et le distribuer dans les mondes toujours plus bas.

Une fois que la lumière de l’infini se soit dévoilée par enchaînement à travers le nom de Dieu, cette énergie dinive s’intègre et devient la force et la vitalité de chaque créature. Cette lumière ne fait pas que se trouver parmi nous et nous éclairer, mais elle dynamise l’essence même de notre âme.
Cette lumière de l’infini qui est canalisée à présent en chacun de nous, doit être dévoilée à travers l’étude, la prière et l’accomplissement de la Torah dans ce monde précisément.

Pour comprendre l’enchaînement de cette influx divin, le Baal chem tov utilisait l’image d’un riche donnant la charité à un pauvre,. “Le yod” qui a la forme d’une pièce de monnaie est saisi par la main du riche “le Hé”, qui étend son bras “le Vav” et donne la pièce dans la main “le Hé” du pauvre qui l’utilisera pour subsister.

Le chant de la nuit

Retournons à présent à notre étude sur le chant de la nuit, pour que chacun puisse l’assimiler d’une manière personnelle en l’utilisant comme sujet de méditation.

Le matin, nous proclamons Ta générosité, et la nuit, nous proclamons Ta foi.

Avant de le mettre en pratique, il faut en analyser sa composition. Le verset est divisé en deux parties, le matin (jour) et la nuit. Chacune des deux parties exprime un état différent, le matin proclame Sa générosité (bonté) et la nuit Sa foi (notre assurance d’avoir confiance en Lui). Dans la phase d’inspiration nous intégrons cette “générosité” et dans l’expiration nous mettons en gage notre âme dans Ses mains dans un élan de confiance et d’assurance pour se débarrasser de tout ego, peur et réticence qui nous empêcherait d’apprécier cette lumière. Ainsi durant chaque cycle, cette sensation s’amplifiera au fur et à mesur que nous renforcerons notre confiance en Lui. Dit d’une autre manière, plus notre confiance et notre abnégation envers Dieu seront significatives, plus Sa générosité sera perçue et appréciée au grand jour.

Encore un fois, pour que l’ancrage de ce verset dans notre esprit soit plus facile, cette exercice pourra être préalablement accompagné de la récitation du verset dans l’expiration et mentalement dans l’inspiration.
Je vous conseille par expérience, de réciter le verset pendant 10 minutes consécutives, ensuite de garder le silence et d’être attentif à la trace énergétique qu’il a laissé en vous. Ceci vous permettra de vous concentrer plus facilement pour atteindre un état méditatif optimal et de découvrir de nouvelles perceptions. Cette phase de récitation pourra être répétée à chaque fois que vous vous sentirez décrocher.

Rédaction et traduction: David Parienté
Correction et relecture : Benjamin Boksenbaum